Armel GUERNE – Première Partie

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Plus j’avance et moins la chance et le hasard ont de place dans ma vie. Pourtant, la manière dont j’ai croisé l’œuvre d’Armel Guerne en prend toutes les apparences. Ma mère tient une table d’hôtes dans la ferme familiale. Elle y reçoit un jour un visiteur français résidant en Belgique, Joël Dury, dont elle m’entretient avec ardeur. Elle évoque l’œuvre d’un auteur qui m’est inconnu, me traîne devant une impressionnante rangée de livres, en fourre un entre mes mains. Voilà, c’est parti. Quelque temps plus tard, je découvre que Dominique Autié – homme de lettres foudroyant et intimidant – avec lequel je suis en contact depuis peu, a réédité La nuit veille. Depuis, Dominique Autié a passé le styx et rejoint Armel Guerne.

Un de ces hasards miraculeux qui enchantent les veillées et les biographes ? Et s’il s’agissait plutôt d’une rencontre qui se tramait depuis des années, chacun des protagonistes posant un pas après l’autre dans cette direction ? Non pas que j’accorde crédit à la notion de destinée, elle implique une fatalité des évènements et soustrait l’homme à sa responsabilité. Je crois tout au contraire au libre choix, à la lucidité, aux circonstances que l’on favorise par son attitude intérieure, à l’éternel retour de bâton, aux raisons et à une justice qui nous dépassent et en tant que telles nous échappent. Quand j’ai croisé l’œuvre d’Armel Guerne, j’étais non seulement prête pour la rencontre, mais encore, elle était devenue nécessaire à mon propre cheminement. Tout tourne autour de la question du déchiffrage des signes, travail des poètes et des prophètes.

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Fragments, d’une bouleversante intensité, est un de ces livres qui s’attellent à la tâche. Un livre de méditation, de rumination même, fulgurant, dont on voudrait tout conserver, tout transmettre, tout partager. Ce sont des pages rares donc, qui sont entrées au panthéon de mes livres fétiches, un de ceux que j’offre et recommande.

Si le monde est si loin, à présent, de la poésie qui a toujours été si prés du monde, c’est qu’elle est avant tout une école où l’on apprend comment se taire, et pourquoi.

Bientôt nous verrons les hommes (comme ils le font déjà sans le savoir) transporter matériellement avec eux leur petite provision de ténèbres, afin d’y voir briller leurs lumières.

Bon ou mauvais, chaque locataire de son moi doit payer le loyer ou quitter la demeure. Les hommes d’aujourd’hui, plutôt que de lâcher le premier sou du terme, rageusement, optent pour l’enfer. On tue et l’on se tue énormément de nos jours.

A celui qui exige une preuve, il ne faut pas la donner. Sinon, il a la preuve, mais il n’a pas la vérité.

Ainsi, durant plusieurs mois, toutes mes journées ont débuté dans la compagnie d’Armel Guerne. Sa seule correspondance (aux éditions du Capucin), m’a tenue captive durant des semaines. Il y a de l’impudeur à lire des lettres qui ne nous sont pas adressées – effraction du domaine de l’intime. … à suivre…

Cet article a 4 commentaires

  1. amatou

    Vous suscitez l’appel à lecture! Merci

  2. frederique

    Merci de votre visite, la suite de cet article dans quelques jours. Au plaisir de vous y retrouver.

  3. Michel

    Merci Frédérique pour cette première approche. Armel Guerne était aussi un grand résistant, le second du réseau Prosper.
    Amitié
    Michel

  4. frederique

    En effet, on peut aller sur le site des amis d’Armel Guerne, ou encore sur le blog de Dominique Autié pour découvrir les textes consacrés à cet écrivain, qui explorent en profondeur toutes les facettes de l’auteur. Merci de ta visite, Michel, toi qui sers si bien les poètes et les écrivains sur ton blog Texture. Amitié.

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