Maggy Masselter

Il faut voir ici la petite vidéo (réalisée par Michel Mangin), où Maggy Masselter évoque son travail de peintre. Toutes les deux, nous nous connaissons depuis de nombreuses années. Et je peux dire que lors de notre première rencontre, j’ai éprouvé un coup de foudre immédiat. Plus tard, elle m’a demandé de lui écrire un texte pour une de ses expositions. C’était en 2000 et je me suis rendue au Luxembourg pour assister au vernissage, accueillie dans sa famille comme une amie trés chère. A l’époque, je n’avais publié aucun livre.

Son atelier à Marguerittes est un des endroits où j’aimerais m’installer. Chez Maggy, pas une pièce qui ne soit un musée vivant, pas un espace qui ne soit dédié à l’Art. Ce petit bout de femme à  l’accent magnifique et au rire éclatant, empoigne des toiles si grandes qu’elle est presque incapable de les remuer seule. Elle les couvre de lettres, puis de peinture et passe le tout sous la douche quand ce n’est pas tout à fait cela comme elle dit.

Sur ce site, vous avez déjà pu voir l’Enfant rouge qui m’a été offert par Maggy – la si généreuse Maggy – au prétexte que j’étais tombée en amour pour ce portrait. Tout ce mois-ci en page d’accueil vous pourrez admirer une autre de ses oeuvres : Passion. Et c’est encore une de ses toiles qui orne la couverture de mon premier livre : L’écharde du silence.

Mais taisons-nous. Je vous propose le texte et le poème intitulés Les pêcheurs de prières comme le tableau réalisé par Maggy Masselter. Je ne suis pas peu fière de révéler que le titre  m’est venu en découvrant cette toile lors de ma dernière visiste, et que Maggy l’a adopté :

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 Les pêcheurs de prières - Tryptique - Maggy Masselter

Ainsi, vous voici à l’heure où on se retourne sur sa vie. A-t-elle bien mesuré le temps, la terrible clepsydre ? C’est une belle aventure à laquelle vous nous conviez : reprendre le fil d’une œuvre qui passe du cri au chant.

Dès le commencement, l’homme était au centre de votre peinture, comme il est au centre de votre vie. Vous avez accueilli sur la toile des êtres déchirés, ombres parmi les ombres, que la vie a tellement ensauvagés qu’ils sont comme amputés d’eux-mêmes. Les terribles regards de vos enfants, Maggy, vous savez bien jusqu’à quelles extrémités ils nous poussent.

A travers les toiles, à travers le temps, vous les avez portés, à bout de bras parfois, pour les amener dans la grande lumière. Ils ont fini par se fondre en elle, l’ardente, la belle éclairée. Et d’abord, toujours regarder le monde par un autre bout que celui imposé. Et d’abord, le réinventer, le bousculer, le repeindre, l’illuminer, le monde. N’est-ce pas la seule véritable affaire de toute notre vie ?

Vous m’avez dit qu’ils revenaient.
Les gens dans vos toiles, vous m’avez confié qu’ils voulaient reparaître. Que pouvez-vous faire contre le murmure d’une humanité qui se lève ? Partie de la souffrance vous revenez vers la joie, c’est la boucle des grandes méditations, le cercle parfait de l’Accomplie.

Voyez : les pêcheurs de prières remontent dans leurs filets la belle gratitude des âmes libérées.
Ecoutez ce qu’elles nous disent : il est venu le temps d’aimer.

…/…

Les pécheurs de prières bercent les crépuscules
Et lavent au grand outremer
Le fou, le cruel et l’obscur.

Meurtri sur des toiles de lune,
Ce peu de couleur fondue en écume
Ce trait qui se tait
Ce trait qui le hurle,
L’ange aux pâles paupières
Mille nuits qu’il ne dort plus.

Du sommeil de verre
L’homme nu
Se délie.

Sous ses cris de détresse
Couvait un chant sacré
Eternel, qui se redresse
Eternel, qui veut aimer.

…/…

Galerie Maggy Masselter, en attendant quelques photos exclusives de sa prochaine exposition.
En admirant les tableaux, je vous invite à écouter l’enregistrement de Stanger in the night qui se trouve ici. Peut-être celle qui se dit Désordonnée mais ne l’est pas tant que ça voudra-t-elle nous en dire plus…

Cet article a 12 commentaires

  1. De ton billet lu tôt, après avoir bouclé sa gueule à la radio, je retiens cette phrase que je cherche souvent, « Les gens dans vos toiles, vous m’avez confié qu’ils voulaient reparaître. », quand je désespère des comportements dénué de bienveillance de certains humains au détriment d’autres humains moins armés (ou attirés) pour la lutte socio-économique.

  2. frederique

    Je reviens à ces paroles célèbres, évoquées l’autre jour sur le blog de Luc Lamy : Partir où personne ne pars, rêver d’un impossible rêve, pour atteindre l’inaccessible étoile.
    Ne nous sommes nous pas trouvés, Gilles, nous qui partageons une même faim ?

  3. abs

    Je retiens « que pouvez vous faire contre le murmure d’une humanité qui se lève  » et ce titre, pêcheurs de prières, je le trouve décidément très beau.

    Sinon, eh bien, c’est avec un musicien , Kinishao, j’aime bien chanter, cette version me plaisait beaucoup, toute anti-Sinatra qu’elle soit, et je suis (très) contente que ça vous plaise.

  4. frederique

    Merci abs, elle me plait oui et m’a séduite à la première écoute. C’est un plaisir de la partager. J’espère avoir le plaisir d’entendre autre chose un de ces jours.

  5. marie

    Frédérique, comment avez-vous pu penser que je parlais de votre commentaire sur le blog de Raymond Alcovère ? Je parlais des commentaires de l’article en lien. Je vous ai répondu sur le blog de Raymond. Ce que vous écrivez est très beau, et je vous envie d’avoir ce talent. Je suis désolée pour ce quiproquo 🙂

  6. frederique

    Voilà une amusante manière de faire connaissance. Oui, j’ai pensé que vous n’aviez pas apprécié le commentaire (ce qui est votre droit), mais je ne comprenais pas pourquoi vous le formuliez ainsi. C’est gentil d’être venue jusqu’ici pour m’en parler. Cela en dit long sur les interprétations de l’écrit…Je vais aller sur le blog de Raymond. Merci.

  7. Jacki Marechal

    De Maggy Masselter, j’aime particulièrement « masselter/09.jpg »

  8. frederique

    Je ne vois pas duquel il s’agit, pouvez-vous être plus précis ? Dans la galerie, tous les tableaux portent un nom, lequel est-ce ?

  9. Marchois gaston

    Cher Maggy le hasard de la vie nous à mis sur même chemin  » quelle merveilleuse rencontre.
    À présent tu es partie retrouver ton Luxembourg, mais sache que dans le gard à marguerittes tu as laissée des souvenirs inoubliables et restera pour toujours dans notre coeur.
    Amicales pensées et tendres caresses.
    Gaston et Pierrette

  10. Marchois gaston

    Pour Maggy qui est et restera toujours dans notre cœur.

  11. Frédérique Martin

    J’espère qu’elle sera heureuse là-bas et qu’elle pourra poursuivre son oeuvre. Merci de votre passage.

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